Les réalités du tourisme médical

Le tourisme médical est un concept biaisé car il désigne indistinctement plusieurs réalités différentes :
– Les soins de confort peuvent être associés au tourisme médical et s’intégrer à un séjour touristique basé sur le bien être, la relaxation ou le wellness. Cette formule permet en effet de joindre l’utile à l’agréable et profiter d’un séjour touristique pour réaliser de petites interventions, qu’elles soient d’ordre médical ou cosmétique.
– La chirurgie opératoire concerne la chirurgie invasive et place les aspects médicaux et chirurgicaux au premier plan. Nous sommes ici souvent en présence d’une opération chirurgicale en mode ambulatoire, c’est à dire dans un établissement de soins mais sans hospitalisation. L’environnement au sens large joue potentiellement un rôle non négligeable. On s’écarte cependant de la notion touristique pour évoluer vers une relation de services.
– Enfin, la chirurgie vitale désigne les soins curatifs ou des traitements lourds nécessitant une infrastructure particulière dans le cadre d’une hospitalisation. La notion touristique est totalement absente mais l’environnement peut jouer un rôle psychologique important, également pour les accompagnants. Les services médicalisés sont importants.
Si l’’importance et l’attrait de l’environnement proche décroissent au fur et à mesure de la gravité de la pathologie, les services eux augmentent.
On comprend dès lors le caractère impropre de la terminologie employée sans distinction pour des pathologies et des traitements ambulatoires et hospitaliers très différents.
La mobilité médicale des patients étrangers ou le case management médical à l’international reflètent le caractère sanitaire des catégories 2 et 3.
Cependant, si le tourisme médical connaît un tel succès, c’est bien que le caractère médical semble insuffisant – bien que fondamental – à expliquer à lui seul les motivations qui poussent les candidats aux soins à sortir de leur pays. Quels sont les besoins ou les attentes cachées des candidats? Quelle influence leurs proches ont-ils ? Qu’est ce qui motive le choix réel de la destination ?
Assurément, les caractéristiques de la prise en en charge, en terme médical et de services, doit intégrer des paramètres culturels, techniques, sémantiques et organisationnelles qui gravitent autour du projet médical du client ou de son organisme payeur.
Les profils des candidats aux soins, leurs besoins et leurs attentes, leur pays d’origine et leur pays de destination constituent avec la pathologie ciblée le cœur du case management international.
Les rapports Nord-Sud sont redéfinis et les cartes redistribuées, car la cartographie des migrations sanitaires répond à ses propres enjeux et revêt des caractéristiques uniques, bien qu’interconnectées avec d’autres paramètres, le plus souvent d’ordre culturel ou technique, mais pas uniquement.
La France reste encore un peu à l’écart de ce phénomène qu’elle n’assume pas tout à fait, ni dans un sens (réceptif), ni dans l’autre (émetteur).
Courant été 2012, le gros mot étant pourtant lâché par un média : le Journal du Dimanche titrait « la France, hôpital du monde ».
Qui est enfin prêt à l’assumer ?